L’innovation comme dissidence

Le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté partage sa vision de l’innovation sociale :
« L’innovation sociale est une ombre sur le mur de la caverne de Platon : plus on tente d’en parler avec un certain degré de généralité, par exemple pour la définir, plus on l’abstrait de son contexte. Or, c’est justement ce contexte qui la définit. Car l’essentiel en matière d’innovation sociale, c’est la notion d’« avant/après », pose Thomas Lemaigre dans cette contribution qui renvoie à notre Inventaire de l’innovation sociale. En matière de lutte contre la pauvreté, les modèles réellement innovants constituent en effet une rupture, et remettent donc en question les positions établies. L’innovation sociale se discute. Elle contient un évident potentiel de conflictualité car elle représente pour les conservatismes une épreuve au sens fort du terme. Et même dans l’esprit des plus progressistes d’entre nous, elle pose au moins trois questions. En matière de lutte contre la pauvreté, l’innovation sociale et l’action publique sont-elles antinomiques ? L’innovation sociale, qui peut apparaître comme une mode, est-elle le cheval de Troie d’une déclinaison néo-libérale des politiques sociales ? Bref, l’innovation sociale est-elle vraiment une thématique pertinente aujourd’hui à Bruxelles compte tenu des défis sociaux à relever ?Mais attention au piège cosmétique, nous dit Thomas Lemaigre. Car les politiques, via des injonctions d’innovation, peuvent ravaler la façade de la lutte contre la pauvreté sans jamais toucher à la structure sociale, toujours plus inégalitaire. Or, et on est là dans un effet miroir quasi psychanalytique, lorsque les politiques encouragent l’innovation sociale, ils mettent en fait en lumière les limites et les ratés du système façonné par les politiques précédents. Encourager un nouveau modèle, c’est critiquer l’ancien. Alors oui. Oui à l’innovation si cette critique de la structure de l’ancien modèle est assumée par tous, politiques comme professionnels. Oui à l’innovation sociale si elle assume son côté alternatif, dissident, « tranformationniste » comme l’écrit l’auteur de cette contribution. »Téléchargez le trimestriel de décembre 2014 du Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté sur l’innovation sociale.

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